Florence Seyvos – la trotteuse


Suzanne appuie de toute la force de son regard sur la grande aiguille pour la faire descendre plus vite. Elle s’imagine assise dessus, sautant de tout son poids pour l’abaisser. Ses yeux s’attachent à la trotteuse, courent avec elle autour du cadran. La trotteuse est une amie, pressée, obstinée. La suivre est toujours le meilleur moyen de faire passer le temps. court extrait de son … Continuer de lire Florence Seyvos – la trotteuse

Alexandre Blok – un rêve éveillé électrique


Par les bouges, les venelles, les détours,En un rêve éveillé électrique,Je cherchais les infiniment bellesEt les amoureuses éternelles de la renommée. Les rues étaient ivres de cris.Il y avait des soleils dans les vitrines miroitantes.La beauté de ces figures de femmes !Ces fiers regards des hommes ! C’étaient des rois, non des vagabonds !Je demandai à un vieil homme adossé au mur :« Est-ce toi … Continuer de lire Alexandre Blok – un rêve éveillé électrique

Nina Berberova – liens, chaînes et filets


   photo RC - Cancale Il y a des liens, des filets,La lourdeur du bonheur,Ce sont chaînes de plomb.Mais moi, je pars sans laisser d’attaches.Je porte mes fers comme bracelets,Une couronne d’épines en guise de tiare,Et toutes les humiliations, vexations et douleursTintent comme son collier au cou de la bohémienne. Longue vie soit donnéeA mes précieux amis,Mais à mes ennemis, rien qu’un jour.Pas un jour où … Continuer de lire Nina Berberova – liens, chaînes et filets

Jour de congé à l’ombre légère des oliviers – ( RC )


   peinture Alain Jacquet : le déjeuner sur l’herbe C’est un jour de congé;nous nous sommes prélassésà l’ombre argentée,que l’on sait si légèredu bois des oliviers,histoire de vous plaire… Un panier avec du pain, de la confitureune galette, comme le petit chaperon…et des champignons,( les produits de la nature )par maladresse , nous avons renverséla sauce salade et le bon lait : évocation qui nous rappellera peut-êtreun de … Continuer de lire Jour de congé à l’ombre légère des oliviers – ( RC )

drapeau changeant d’étourneaux – ( RC )


   photo  »20 minutes » Ils sont comme une vaguequi trace ses courbes changeantessur un océan de nuageset les imitent à leur façon. Ils s’étirent, se contractent,drapeau changeant d’étourneauxqui traversent le ciell’obscurcissent un instantde milliers d’ailesavant de reprendre de la hauteur, changeant de direction,de la même façon que des paillettes de ferqu’un aimant attiresans qu’on distingueoù est l’aimant et qui le manipule. Peut-être convoquent ilsles derniers oiseauxqui n’auraient … Continuer de lire drapeau changeant d’étourneaux – ( RC )

Dany Laferrière – je suis un écrivain japonais


Ma conversation avec mon contemporain à l’autre bout du fil renouvelle ma vision de cet auteur vivant dans un autre temps. Je préfère toujours un écrivain mort – il reste plus longtemps jeune.    La mort rajeunit.Là c’était Basho (1644-1694) et Noriko dont je ne sais à peuprès rien, ni la date de naissance, ni même celle de sa mort.Comme nous ignorons à peu près tout … Continuer de lire Dany Laferrière – je suis un écrivain japonais

mes pensées s’égarent dans le blanc – ( RC )


Il suffit d’une marcheà longue portéedans les draps mousd’un décembre en retrait, pour connaître la nasse du joursuspendu à son grispesant sur la neige – rapace – . Des seuls repères,nous verrons des arbres dénudés,noirs.Comme calcinésémergeant sans demeuredans la déclive. Un vent furieux les secoue,les ploie, les casseles noue de glacedans la tourmente. Mes pensées s’égarentdans le blanc. voir les publications de Marie Tavera, entre … Continuer de lire mes pensées s’égarent dans le blanc – ( RC )

Werner Lambersy – chante…


Chante la pierre qui se repose du long voyage dans l’espace,l’arbre qui s’habille de lumière et l’orée dans l’arène des vents,même l’hyène, à l’heure rouge ou tous vont boire, la nuquebaissée sous le couperet des lunes, chante l’homme seul dontles chiens dorment le nez posé entre les pattes et le poil tièdecontre tes cuisses, comme des marque-pages. Chantent les chats dont l’amande étroite te surveille … Continuer de lire Werner Lambersy – chante…

Forough Farrokhzad – Une nuit, de l’au-delà des ténèbres


   peinture H Matisse - la nuit à Collioure Une nuit, de l’au-delà des ténèbres,    comme une étoile, je viendrai vers toi    Sur les ailes du vent coureur du monde,    je viendrai te chercher avec joie.     Comblée de tendresse et d’ivresse,    comme un beau jour d’été,    je t’offrirai une jupe remplie    de tulipes sauvages de la montagne.     Une nuit je frapperai à ta porte.    Ton … Continuer de lire Forough Farrokhzad – Une nuit, de l’au-delà des ténèbres

des morceaux d’étoiles dérivent dans ta nuit – ( RC )


photo: hubble space Les sourcils sont au bord du regard,mais dissimulent en partiele manteau de la nuit : -une métaphore de ce qui la limite-. Car elle m’enveloppe,et même si l’œil voyage dans l’espace,sa portée reste faible.Les frémissements des astres irradientde leur temps de lumière.La galaxie est une madone fluorescentequi s’incline sur le flot inconcevabled’un espace recourbé sur lui-même. Certains morceaux semblent accessibles.Dans tes yeux pétillent … Continuer de lire des morceaux d’étoiles dérivent dans ta nuit – ( RC )

Rahel Hutmacher – Noyer


Ma fille ne dort plus. Ma fille s’agite et se plaintFifille, va dormir. Qu’as-tu à t’agiter, qu’es-tu à pleurer , va dormir.Je ne peux pas dormir, mon oreiller est devenu trop petit pour moi. Mais ma fille continue à se plaindre, éveille les oiseaux sous mon toit :ils crient déjà bien qu’il fasse nuit et que le matin soit encore loin.Qu’as-tu donc à pleurer, que … Continuer de lire Rahel Hutmacher – Noyer

Tambour de Trong Do – ( RC )


photo RC – tambour de Trong Do – Vietnam nord Le temple est fermé,les moines ont pris congé,mais pris soin de laissers’envoler les fuméesen volutes d’encens. En cas d’absencel’autel des aïeuxaccueille les vivantshonorant les âmes défuntes,devant bambous et palmiers. A quelques pasabrité par un toit recourbéle grand tambour sur la tortueest prêt pour la cérémonie,mais nous n’avons entendu que le silence,le frottement des palmesaux courants … Continuer de lire Tambour de Trong Do – ( RC )

Quelle scène ouvre sur quelle perspective ? – ( RC )


Quelle scène ouvre sur quelle perspective ?quelle porte, une pièce,quelle photographie révèle un miroir ?Où mener nos pas ?Dans un labyrinthe aux éclats d’imagesrefermé sur lui-même… Le modèle parcourt ainsi, sans jamais en sortirla maison délabrée où elle se reconnaîtmise à nue, en apparencepar un dispositif qu’elle inventepour trouver une issue,qui se dérobe à la logique. Chaque photo parle de son auteur,qui semble à la … Continuer de lire Quelle scène ouvre sur quelle perspective ? – ( RC )

Mahtab Ghorbani – Inachevée


sculpture : Magdalena Abakanowisz « solitude » 2009 Je rêve que je tourne dans le vent,que je me tordeet que de la branche de mes mains vertesdes pommes rouges tombent à terre. Le vent m’attire,je suis sa prisonnière et il a enveloppé mon corps.Il chante : « La nudité de ton corpsressemble au clair de lune.Jusqu’à quand veux-tu rester ma prisonnière ? » Ô vent, ô vagabond … Continuer de lire Mahtab Ghorbani – Inachevée

Mahasti Shàhrokhi – Belles blessures


Belles blessuresviens voir mes blessuresvoir mon crâne fracassévoir mes fractures ouvertesvoir mon sang figévoir mon larynx sanglantvoir ma gorge tailladéevoir mon utérus vrillévoir mes chevillesmes doigtsvoir mes coudesvoir les bleus sur mes seinsvois ! Là et làlu vois ces écorchurestu vois là et là ?tu vois ces blessures ?rien d’autre à voir que ces blessuresces bleusce sang figécette gorge coupéecet utérus vrillétu les vois ? … Continuer de lire Mahasti Shàhrokhi – Belles blessures

Témoins des jours languissants – ( RC )


L’automne a le goût des fruits sûrs,qui traversent les plis de la mémoire :c’est celle de l’été; quand ils sont trop mûrsl’excès de tanin vire au noir,si personne ne les cueille.C’est une saison qui a le regret de l’été,( en sont témoins les feuilles ): celui d’être, puis d’avoir été. Les jours vont languissants,ils se dirigent vers une trèvequi vient figer leur sang ,refroidir leur … Continuer de lire Témoins des jours languissants – ( RC )

Ai-je besoin de sujet de poésie ? – ( RC )


photo RC – Vietnam Le visage du matinse penche sur moi. La lumière revenuea repoussé la nuit . Je suis au bord de l’étang.Des oiseaux inconnus poussent leur chant. Au dessus de l’eause déploient les fleurs de lotus. Ai je besoin de sujet de poésie ? La poésie a les feuilles largessur lesquelles il n’est nul besoin d’écrire : elle est la nature du paysageque … Continuer de lire Ai-je besoin de sujet de poésie ? – ( RC )

Quine Chevalier – l’herbe des secrets


Pour Annie Estèves Ensorcelées sous le soleilles ombres sont féroces l’aube sans voix décline ses miroirset le vent dans tout çaqui palabreviolente. Ensemble nous marchonsdans nos creuxsoulevantl’herbe des secrets que nous buvons le soirdans la lampe qui brûle. Quel hameau a quittél’enfant de nos désirssur quel arbre d’oublia-t-il planté ses rêves ? La main n’est plus qu’un nidl’ombre se reposeles yeux ardent la plaine où … Continuer de lire Quine Chevalier – l’herbe des secrets

Ossip Mandelstam – Pesanteur et tendresse


peinture : Miklos Bokor Pesanteur et tendresse, vos signes sont les mêmes, ô sœurs.La rose pesante est sucée par guêpes et abeilles.L’homme agonise. Du sable reflue la chaleur,Et sur de noirs brancards on emporte l’ancien soleil. Ah, lourds rayons de miel et tendres rets !Plus légère est la pierre que ton nom sur mes lèvres.Il ne me reste au monde qu’un souci désormais,Un souci d’or … Continuer de lire Ossip Mandelstam – Pesanteur et tendresse

Aucun pas ne sort de l’ombre – ( RC )


dessins de la grotte de Niaux ( Ariège ) Aucun pas ne sort de l’ombre,l’ombre profonde où se rétrécit l’espace,loin du soleil.Et pourtant,malgré la distance,préservés de la lumière,une horde de cervidés, de bisonsgalope encore. C’est que la main négativeleur a ouvertla porte des rochespour les préserverdans les temps à venir.Regarde… !ils galopent toujours ! Continuer de lire Aucun pas ne sort de l’ombre – ( RC )

Jaune intense – ( RC )


peinture – Clyfford Still C’est fini…. la méditation sur d’hypothétiques surfaces lisses,champs de colza moirés, où aucun arbre ne dépasse.Ne parlons même pas des stries des champs de lavandesur le plateau de Valensole. Ils ne peuvent se retenir d’ondulerà chaque dénivellation, juste limités par des chênes rabougris,et les chemins de terre caillouteux. J’ai préféré me plonger dans le jaune intensed’une peinture non figurative,où le regard … Continuer de lire Jaune intense – ( RC )

Patti Smith – roses flambantes


peinture Frida Kahlo 1946 Père, je brûle les rosesPère, seul Dieu saurace que le cœur secret dévoiled’ antiques danses avec la biche Père j’ai blessé au plus profondPère je ne blesserai plusj’ai valsé au milieu des épinesquand les roses brûlaient au sol ma fille puisses – tu en rireune bougie rêve une bougie dessinele cœur qui a brûlébrûlera pour toujourspuissiez-vous revenir quand les roses périssent … Continuer de lire Patti Smith – roses flambantes

Pierre Lieutaghi – dans les moments du monde


photo steppe de l’Ouzbekistan Avant les mots,j’étais ce blanc effilochéincapable de rien à cause des alphabets d’oiseauxet la nuit claire à bords perdus où tranquille on apprendles règles bleutées du silence. Dire ce qui n’appelle pas les mots tente souvent le plombl’innocence. —Toute pierre console de l’impatienceet plus encore celle qui s’est fait un frontcontre cinq cent mille ans de pluie. J’appuie mon front sur … Continuer de lire Pierre Lieutaghi – dans les moments du monde

Jorge Carrera Andrade – Les amitiés quotidiennes


Fenêtres, portes, lucarnes : amies intimes,complices de mon évasion quotidienne,messagères d’un monde clair et agilequi pose sur les meubles son éclatant reflet. La fenêtre est invitation incessante au voyage :son fleuve d’air et de lumière débouche dans le ciel.Dans ses profondeurs transparentesplus d’un rêve a naufragé. La porte évite ma présence et me laisse passerdans l’éternelle attitude roide du soldat.Ne déjouent sa consigneque le jour … Continuer de lire Jorge Carrera Andrade – Les amitiés quotidiennes

Femme de vent – ( RC )


Femme de vent à l’âme secrète,l’orage est ta chevelure, je verrai presque ta tête dans l’œil de l’ouraganpendant un court instant de répit. Bascule dans la saumurel’errance de mon pays tropical. Je t’entendrai hurler dans la nuit,et pour me retenir de ta furie,quand se déchaînent les éclairs, mon corps se crispe sur les rochers coupants  mes pieds lestés de plomb :Les vagues projetées s’en sont … Continuer de lire Femme de vent – ( RC )

Martine Cheval – marches


Les marches sur les routes du soleil,la lumière qui penche elle aussi,vers les cailloux de contes à ramasseravant que de les raconter.Les marches en montagne, dans les bois, les vallées,celle de l’Ourika et Oulmès,Oukaimeden, Besse, l’Atlas et tant d’autres… Les haltes des cabanes à construireet les fleurs en couronnes à la manière des Russes :les filles en princesses des contes qu’elles lisaient,les garçons en « … Continuer de lire Martine Cheval – marches

Yehuda Amichai – ton corps a gardé sa chaleur pendant longtemps


Montage Viki Olner Les cheveux étaient les derniers à sécher.Quand nous étions déjà loin de la mer, quand les mots et le sel, qui s’étaient mêlés sur nous, se séparèrent les uns des autres avec un soupir,et que ton corps ne montraitplus les signes d’une terrible ancienneté.Et en vain nous avions oublié quelques choses sur la plage,afin d’avoir une excuse pour revenir. Nous ne sommes … Continuer de lire Yehuda Amichai – ton corps a gardé sa chaleur pendant longtemps

Serge Marcel Roche – Variations neige


Et les années dansaient ce matin avec les flocons gaiement derrière la vitre villes visages heures ainsi tournoyant dans l’air froid et ceux qui tambourinent contre les carreaux selon le pouls intermittent du souvenir toi assis au bureau guettant le bruit des pas fantômes sur la page neuve l’approche au loin des voix profondes avec une lenteur de neige Continuer de lire Serge Marcel Roche – Variations neige

Martine Cheval – îles


Iles photo R – îles de Tioman les îles au thé et les îles citronnelleLes îles d’ivoireEt celles aux sables noirsLes îles où l’on but l’eau de Perrinles îles d’où l’on ne voulait plus s’en allerLes îles transparentesLes îles aux moinesCelles du nord et du sud, de l’ouest,des tropiques et du golfe persique Nos îles ! Isolées des terres d’où l’on venait,chacune était un bout … Continuer de lire Martine Cheval – îles

Le baiser de la femme araignée – ( RC )


C’est une femme aux mille ressources,qui vit au sein de la peinture,sous les couches de couleur…Nous prend-elle dans sa toile,nous enrobant de caresses drues,où virevoltent les pinceaux ?De la plage, la sérénitédes jours d’été semble s’éloigner.Nous serons à notre tource corps fragmentése débattant sous les verniset les baisersde la femme araignée… ( réponse à un écrit de Louba Astoria sur Wilhem DeKooning ) Continuer de lire Le baiser de la femme araignée – ( RC )

Caroline Dufour – Saturation


et l’arbre se tient béantdevant tant d’yeuxsur le videet tant de videà vendre d’autant béantqu’autour de lui,la blanche tombe cristallinecomme une grandechanson d’amour des milliards dediamants cosmiquesprojetésd’une bouche célestesur un monde gorgé mais quesais-je, se dit-il,de l’instablepeut-être, danssa parfaite élégance, sacourbure patiente · du site de Caroline D  » Si j’étais un arbre » Continuer de lire Caroline Dufour – Saturation

Heinrich Böll – se dérober à tous les risques


Il y a des artistes, des maîtres qui sont devenus de simples routiniers mais, sans se l’avouer à eux-mêmes ni le confesser à autrui, ils ont cessé d’être des artistes. On ne cesse pas d’être un artiste en produisant quelque chose de mauvais mais à partir du moment où l’on commence à se dérober à tous les risques. extrait de la plaquette  » Je veux … Continuer de lire Heinrich Böll – se dérober à tous les risques

Carl Norac – prière pour le soldat Kostrowitzky


la mort me suit parfois et je lui dispatienteje n’ai pas encore misde mots sous les caillouxj’écris « je suis vivant »tout en fermant les yeuxla mort me suit parfois et je lui dispatientetous les matins je suis vieux mais les soirsje m’enfante laisse-moi jouer un peudans la cour des grandes ombrespatiente ô sage mortécoute si ténule bruit de l’encre buesur cette pageet puis dors ( extrait … Continuer de lire Carl Norac – prière pour le soldat Kostrowitzky

Le ruban noir – ( RC )


J’ai vu cette main en gros plan, posée sur un membre, ou un corps  souple . Peut-être  était-ce celui d’un autre plutôt que celui de  la personne   à qui appartient la main. Rien ne l’indique . Ou peut-être  une  petite  différence  de pigmentation de la peau  : Les doigts sont face à nous . La main repose, légère, abandonnée. Lassitude,  tendresse ? Elle s’enfonce apparemment  … Continuer de lire Le ruban noir – ( RC )

Plus proches des insectes que des étoiles – ( RC )


Je multiplie les voix,colle mon oreille sur le sol.J’entends le crépitement de l’universà même la terre. Viennent des vibrations,et l’enfance de l’herbe,dont l’enthousiasme se nourritdu temps et des vents. De petits riensque la pluie dépose.Des feuilles s’ébrouent,se développent et se ternissent. C’est dans l’ordre des choses,ainsi l’éclosion des roses,leur parfum suavecomme l’éclat des astres. Je ne vais rien décrire,la couleur existe,vibre de lumière,elle se passe … Continuer de lire Plus proches des insectes que des étoiles – ( RC )

Rainer Maria Rilke – Élégies de Duino (extrait)


Et qui, si je criais, m’entendrait donc depuis les ordresdes anges ? Et quand bien même l’un d’entre eux soudainme prendrait sur son cœur : son surcroît de présenceme ferait mourir. Car le Beau n’est rien d’autre quece début de l’horrible qu’à peine nous pouvons encoresupporter,Et nous le trouvons beau parce qu’impassible il se refuseà nous détruire ; tout ange est terrifiant.Et donc je me … Continuer de lire Rainer Maria Rilke – Élégies de Duino (extrait)

Otto Tolnai – la rose de Kichinev ( extrait )


photo : Anne  Leroy … et elle dit espèce de petit samouraï et elle l’envoie chercher de la chicorée mais le garçon simplet ne va pas chercher de la chicorée petit âne têtu qui s’amourache attend sa mission l’oncle Béla de Kichinev l’aidera à recarrier la meule de roses de sable — bien sûr c’est déjà le sujet d’un autre poème et peut-être que cela … Continuer de lire Otto Tolnai – la rose de Kichinev ( extrait )

Pépites, étoiles, boule de cristal – ( RC )


Montage: RC Dis, t’as vu comme est petite la terre, dans la boule de cristal  ! Tu la secoues, et des étoiles comme autant de pépites. Se posent sur tes paupières, teintes d’un léger bleu : et dessus,         tes yeux… ( je te vois ainsi à l’envers )…. Un peu de neige volète mais  il ne fait pas aussi froid qu’on le … Continuer de lire Pépites, étoiles, boule de cristal – ( RC )

Laisser tomber la géométrie (RC)


A se poser des problèmes, il y aurait des solutions Et faire     de la logique  humaine  –       ostentation Il vaut mieux  déposer              compas et rapporteurs Pour faire de la vie     (de son avis ?)        un bonheur Certains voient dans les tracés, une forme d’idéal Qui ne se formerait                           qu’en diagonales D’autres rêvent de sirène         , dragon ou cheval … Continuer de lire Laisser tomber la géométrie (RC)

Disposant sur ma toile, des couleurs habitées (RC)


– Cette  peinture,  que  j’avais  commentée  sur  art-encore…   – A fait l’objet d’une  variation poétique  de Jean-Jacques Dorio,dans  ses  « correspondances« , – et d’un article  de Libellus dans  « sa  vue de la fenêtre dans la nuit ».,   – J’ai fait mon propre  écho poétique  à celui  de Jean-Jacques, avec le texte ci-dessous, en me rappelant la région des Pouilles,  et particulièrement Polignano-a Mare  ( au … Continuer de lire Disposant sur ma toile, des couleurs habitées (RC)

Lent retrait du gris – ( RC )


photo Yama Bato Ce n’est plus le noir de fuméequi occulte le jourde façon à masquer le solaire…Mais la cendre légèredes jours gris qui s’égarentlorsque l’hivercède peu à peu du terrain. La saison change de visage.On se dit que les fleurs nouvellessont encore bien témérairesd’oser s’ouvriralors que la neiges’accroche encore aux côtés d’ombre. Un gris de plus en plus ténuqui se situe en retrait allégé … Continuer de lire Lent retrait du gris – ( RC )

Xavier Bordes- Consolatio


Je taillerai dans le ciel gris une éclaircie,une échancrure azur, avec le couteauidiot des mots qui sont ma seule arme,le chuchotis acéré du fil du cœurqui traverse l’hiver blanc et vide..Dans le ciel gris une éclaircie en formede fleur à six pétales et pistil de soleil :un rayon en tombera droit sur ton frontbrûlant, rayon pur comme un doigt de fée.L’air soufflera son frais parfum … Continuer de lire Xavier Bordes- Consolatio

Dahlia Ravikovitch – fierté


photo RC – 2021 – Finistère nord Même les pierres se fissurent, je vous le dis,et pas à cause de l’âge.Pendant des années, ils sont couchés sur le dosdans la chaleur et le froid, depuistant d’années,cela crée presque l’illusion du calme.Ils ne bougent pas, donc les fissures restent cachées.Une sorte de fierté.Les années passent et ils attendent.Celui qui va les brisern’est pas encore venu.C’est ainsi … Continuer de lire Dahlia Ravikovitch – fierté

Quand il s’agit de rattraper l’été – ( RC )


photo auteur inconnu Nous nous berçons de rameaux d’ordès que l’été prend la fuite.Septembre est encore encombréde fleurs séchées, de tiges brisées,de cheveux au vent.Les chemins précèdent nos pas.Nous les avions déjà parcourusune autre fois. Les nuées nous devançaientet éteignaient les couleursau fur et à mesure . La lumière en pinceauxdéposée sur les collines,puis lui en choisissant d’autres,( ou bien l’ombre,si on préfère ). C’est … Continuer de lire Quand il s’agit de rattraper l’été – ( RC )

Marie Sizun – nostalgie de que l’on quitte


photo Francesca Woodman Les deux derniers jours sont étranges, dans l’appartement vidé de tout souvenir personnel et de la plupart des meubles, précipitamment vendus. C’est devenu un lieu irréel, où l’on est en transit, dans l’inconfort matériel et moral de qui n’a plus vraiment d’assise, la nostalgie de ce que l’on quitte, l’impatience inquiète de ce vers quoi l’on va… extrait de  » la gouvernante … Continuer de lire Marie Sizun – nostalgie de que l’on quitte

Gérard de Nerval – Une allée du Luxembourg – Dessin de Constantin Guys


En savoir plus sur Constantin Guys sur le site du Musée d’Orsay : https://www.musee-orsay.fr/fr/ressources/repertoire-artistes-personnalites/constantin-guys-14353 https://www.musee-orsay.fr/fr/articles/charles-baudelaire-et-constantin-guys-le-peintre-de-la-vie-moderne-199572 Continuer de lire Gérard de Nerval – Une allée du Luxembourg – Dessin de Constantin Guys

Jâlch Esfahâni – Un monde meilleur


photo Andreas Katsakos Si on me demandait ce qu’est la vieje répondraischercher toujoursdésirer un monde meilleur… je suis lucide comme jamaiséveillée je déborde de penséesendormie je suis éveilléej’apprécie cette époquej’aime cette terrede voir l’aube claire je m’enivre chaque jouret le premier jour est pour moicomme le dernier jourun « bonjour, ma joie » et un douloureux « au revoir » s’entremêlententre les deux saluts, une … Continuer de lire Jâlch Esfahâni – Un monde meilleur

Source – Susanne Derève


Si tendre était la chair friable du calcaireElle y creusa son nidun lit de roche blanche sous la mousse et je la trouvai làfraîche sous le couvert dans sa vertigineuselimpidité de source d’un bleu de cuivre plus purqu’une brassée d’étoiles . Ici, de très belles images sur le mystère de la source de la Buèges (Hérault) : https://enimmersion-sourcedelabueges.shorthandstories.com/en-immersion-source-de-la-bueges/index.html Continuer de lire Source – Susanne Derève

Pia Tafdrup – Pas les chiens du chasseur


La respiration se mêle aux bruits lointains… Non… Pas les chiens du chasseur… d’autres bruits… des échos dans la nuit de rouille et de sang…Obscurité et humidité de la forêt, la lune à travers les sapins… Ce qui se cache entre racines et branchesTroncs et feuilles, se dégage… ce qui est mou, pourri, attendri et fragilele lisse, le rugueux, le dur et ce qui est … Continuer de lire Pia Tafdrup – Pas les chiens du chasseur

De l’autonomie du pied – ( RC )


A moins que mon corps ne se fâche,je lui assigne une autre tâche…je rends au pied son indépendance,car ses possibilités restent immenses… C’est quand même lui qui nous porte.Aussi je l’habille de bottes,et il est trop heureuxde ne pas marcher sur les œufs,car, serait-il têtu et qu’il s’entête,il nous ferait aisément omelette, aussi pour résoudre le problème,le pied décide par lui-même:à la boue, il s’arrache,et … Continuer de lire De l’autonomie du pied – ( RC )

Stefanu Cesari -un doigt passe sur la bouche


montage RC Là où vous avez bâti cette maison, l’eau sous la colline.sa chanson rampe, le soir. Vous ne dormez pas.on vous laisse, toujours au même point de l’aubesachant que vous resterez, là, à nous attendre, sans redire c’est vrai. on s’habille d’une faute, elle nous lie comme le sang, à travers les herbes folles.le moment venu, un doigt passe sur la bouche,une petite flamme,vous … Continuer de lire Stefanu Cesari -un doigt passe sur la bouche

Roja Chamankar – Comme un poème


J’écris un poème qui te ressembleMarcher sur la feuille blancheRire entre les lignesMouiller mon visageJe passe ma main sur ses gouttes, ses courbes et ses points J’écris un poème qui te ressembleJe le lis à haute voixL’imprime partoutOn l’applauditEt il rit une ligne sur deux J’écris un poème qui te ressembleQui respire en moi la nuitBoude quand il prend froidMe rend amoureuse quand je le … Continuer de lire Roja Chamankar – Comme un poème

De mes gris provisoires – ( RC )


photo RC – vallée de la Rance 2022 De mes gris provisoires,j’extrais l’éventail des nuances. Une éclaircie furtivesurfe sur l’inertie des vases,le temps de comprendrequ’un instant danse, que l’étendue d’eau se saisit de la lumière,jusque dans les lointains de l’îlerendant la parole inutiledans le dialogue avec la mer… pour les photos avec variations de gris voir aussi l’article – Continuer de lire De mes gris provisoires – ( RC )

Michel Bourçon – les rues pluvieuses n’iront pas au ciel


photo elainev chaque jourla vie nous promènecomme un chien à peine éclosesdes fleurs inondent les trottoirs déjà perdu au levéun homme ignorece dans quoi il entreun sale goût sur la languele cœur ancré encoredans la nuit monstre un passant parle haut et seulil y a du bruit pour trois fois riendes visages aiméssouriant dans nos têtes quand les réverbères s’éteignentles yeux embués autant que des … Continuer de lire Michel Bourçon – les rues pluvieuses n’iront pas au ciel

En profil sur la médaille – ( RC)


médaille du XVIIè s Louis XIII Avec la collection de médailles,tu me trouverasau fond du tiroir,derrière les mouchoirs:une vue de profil,la couronne un peu de travers,le nez busqué, l’artiste complaisantaura oublié d’insistersur mon double menton,ce n’est pas très grave…– mon effigie ne prendrapas plus de place -, et d’ailleurs mon règneest passé depuis longtemps,…. ( sans regrets, alors ,) Continuer de lire En profil sur la médaille – ( RC)

Claude Saguet – terre vaste cri


peintre non identifié dans l’esprit d’ E Nolde Terre, vaste cri,j’ai creusé toutes les prophéties,écumé toutes les légendeset ce chant inaudible doucement retrouvé,je m’éloigne en gerçures du port de mes attaches.Finie la hache de sel vrillée dans le soleil,la blessure clignotante hurlée comme un défi.Ici je me termine.Et parce que mon nom est plus tranchant qu’unevagueme voilà, dessin d’autres flammes,décrété hors-la-loi partout où je te … Continuer de lire Claude Saguet – terre vaste cri

René Char – Commune présence


illustration extraite du livre « Tourbillon » Tu es pressé d’écrirecomme si tu étais en retard sur la vies’il en est ainsi fais cortège à tes sourceshâte-toi,hâte-toi de transmettreta part de merveilleux de rébellion de bienfaisanceeffectivement tu es en retard sur la viela vie inexprimablela seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unircelle qui t’es refusée chaque jour par les êtres et par les … Continuer de lire René Char – Commune présence

Monologues en creux – ( RC )


Nous nous sommes parléscomme les phares parlent à la nuit.Chacun émettait des syllabes, comme des rayons ,à intervalles mathématiques ,modelant des silences entre les phrases,que nous jugions beaucoup trop longues.Il nous fallait reprendre notre respiration,prévoir la suite de nos pensées,ce qui nous occupait assez les minutes suivantes. J’ai pensé à des mannequins mécaniques,de ceux qu’on voit dans les vitrines,pérorer avec coquetterie,en regardant leur silhouette dans … Continuer de lire Monologues en creux – ( RC )

Jean Rousselot – le wagon ( extrait )


Tu marches dans le couloir pour te dégourdir un peuon traverse une forêt brèche-dent un pays pauvreune maison dévalisée surgit se sauvedes garçons y cueillaient des débris dans la terreTu penses à d’autres débris dont on ne pourra rien faireLe temps guérit les plaies réduit les idées en machines hostilesTu revois une allée de saules tu sens l’odeur de la Vistuleles saules toujours inclinés aujourd’hui … Continuer de lire Jean Rousselot – le wagon ( extrait )

Dix Haak – la danse de la vie


J’ai dansé la danse de la viemes mains étaient d’une grâce arménienne,mon miroir pointait fièrement vers le haut,un sourire dessiné, écarté, et mes yeux s’étouffaient de larmes.mes jambes sont maintenant à l’est, maintenant à l’ouest.mon âme était étrangère à cette danse,J’ai dansé la danse des griffes à l’émigrant. Publié dans l’hebdomadaire Hayrenik le 9 décembre 2015 traduit de l’arménien – extrait du site Armenian Project … Continuer de lire Dix Haak – la danse de la vie

On ne reconnaît pas grand papa dans la photographie – ( RC )


photo Claude Batho Désolé pour le portrait.La famille ne s’en offusquera pas.Je n’y peux rien,nous vivons un quotidien,dont l’ordinaire est le banal. On ne reconnaît pas grand papadans la photographieet son cadre ovaleposé sur la tapisserie. C’est une photo d’autres tempsavec beaucoup de grisaussi ce reflet blanccombat la nostalgieet les pensées d’avant guerre. Non, je n’ai pas regrettéqu’on ne voie pas le grand père.J’aurais pu … Continuer de lire On ne reconnaît pas grand papa dans la photographie – ( RC )

Un cercle sur le trottoir – ( RC )


montage RC Je prends une craieet dessine un cercle sur le trottoir.Si je m’enferme à l’intérieurc’est comme entrer dans une autre rondeoù ne me parviennent que d’échos lointains,de la gravité du monde. Ceux qui arrivent font un détouret passent leur chemin.Ils ne peuvent m’y voir. Le cercle est un contourqu’aucun pied ne franchit.On ne sait jamais ce qu’augurele tas de pierres du voisin,ni ce qu’il … Continuer de lire Un cercle sur le trottoir – ( RC )

Blas de Otero – il me reste la parole


photo Guy Bourdin 1976 me reste la paroleSi j’ai perdu la vie, le temps, tout ceQue j’ai jeté comme une bague à l’eau.Si j’ai perdu la voix dans le désert,Il me reste la parole.Si j’ai souffert la soif, la faim et toutCe qui était à moi, qui n’est plus rienEt si j’ai moissonné l’ombre en silence,Il me reste la parole.Et si j’ai ouvert les yeux, … Continuer de lire Blas de Otero – il me reste la parole

Mémoire traversière – RC )


Ce sont comme les cernes, qui petit à petit en enveloppent d’ autres ,Celles des années qui les entourent , celles de l’arbre, les contenant, Si on déshabillait de ses couches d’années,ses écorces, pour y retrouver l’arbrisseau initial… Pas étonnant que la lumière vienne de l’intérieur,de cette jeune pousse que nous étions, et, te recourber en elle, à retrouver sans nostalgie,le souffle d’insouciance, et ses … Continuer de lire Mémoire traversière – RC )

E.E.Cummings – ma dame est un jardin d’ivoire


photo Manuel Alvarez-Bravo – : Good reputation sleeping -1938 Ma dame est un jardin d’ivoireses épaules sont de lisses et brillantesfleurs sous lesquelles percent les fleurs nouvellesde ses petits seins se balançant avec amoursa main forme cinq fleurssur son ventre blanc est une maligne fleur en forme de rêve et ses poignets sont les plus pures plus merveilleuses fleurs ma dame est couvertede fleursses pieds … Continuer de lire E.E.Cummings – ma dame est un jardin d’ivoire

Jean-Gilles Badaire – la poussière de ma mère


peinture J-Gilles Badaire Le ciel de la lucarne ne pouvait descendre l’escalier,pas plus que ma mère, le bras cancéreux engoncédans un manteau de fourrure.Deux hommes, dont mon père la portaientsur une chaise de bois improvisée,mes yeux encore tendres fixaient cette procession.Le silence des hommes exagérait la douleur contre les murs.Entre torpeur et maladresse, le cortège balançait derrière moi,j’étais l’enfant de choeur qui ouvrait ce voyage … Continuer de lire Jean-Gilles Badaire – la poussière de ma mère

nous aurons le vent dans les cheveux – ( RC )


photo Mario Sorrenti Dans l’éventail des choix,nous aurons le vent dans les cheveux,le faux soleil des sun-lights,un carrelage lisseet une toile de fond. Pour la photo:choisir une forêt:sous-bois et clairièreavec sapinspenser à la télécommande… Ne pas oublier les escarpins,et la tenue rougeque l’on voit de loin,même si ce n’est pas des plus commodepour se promener dans les bois. Difficile d’estimer l’heurepour cette photo de mode:et … Continuer de lire nous aurons le vent dans les cheveux – ( RC )

Chalet de l’aigle – Susanne Derève


Mont Lozère – Chalet de l’Aigle (été 2023) Aux aigles les hauteursA nous le chalet qui porte leur nomniche adossée à la montagne -une féerie de graminées pâlesqu’estompe le brouillard Matin d’étéla fraîcheur soudaine à midi-l’entêtante mélopée de la brumerésiste au ventnoyant la douce mélancolie des pierreset du bois mortles troupeaux vagabonds au-delà des enclos Passée la porte basse l’ombrejette sur nous sa toile silencieusenous … Continuer de lire Chalet de l’aigle – Susanne Derève